Archicréé – Le Candide à Vitry-Sur-Seine

Publié le 14/12/2015

Article paru dans Archicréé, décembre 2015, projet Le Candide quartier Balzac à Vitry-Sur-Seine 

Des toits à habiter.

Dans le sillage d’un des cinq points de l’architecture moderne comme du « jardin suspendu » de Toyo Ito, le paysage des toitures de la métropole parisienne évolue. Auparavant réservés à la technique, ces espaces deviennent accessibles voire collectifs, se végétalisent et se plantent de diverses cabanes. Promenade sur les toits, de Vitry à Boulogne-Billancourt en passant par le 13ème arrondissement.

La toiture habitée reste l’un des fondamentaux (avec les pilotis, le plan libre, la fenêtre en longueur et la façade libre) de la modernité, comme le résumaient Le Corbusier et Pierre Jeanneret en 1927 dans l’ouvrage Cinq Points d’une nouvelle architecture. Au-delà du renoncement à la traditionnelle toiture en pente, le toit-terrasse devenu accessible sert de jardin, de solarium ou de terrain de sport. Nouvel enjeu urbain pour gagner de la surface, la cinquième façade se déverrouille jusqu’à devenir un espace public. Il y a une trentaine d’années déjà, l’architecte japonais Toyo Ito – Pritzker Prize 2013 – avait imaginé un visionnaire « jardin suspendu », à travers son « Paradis à 12 m du sol », en référence à la hauteur moyenne des immeubles de trois étages du centre de Tokyo. Son idée consistait a faire le relevé d’un quartier, pour en équiper les toitures de divers équipements (petite école, club sportif, théâtre ou café), tous reliés horizontalement par des passerelles. Pour l’architecte japonais, les toits restaient le seul espace où subsistait un peu de nature dans une métropole à forte densité. Il les imaginait en jardins urbains, lieux d’événements éphémères et festifs, recouverts de tentes et reliés par des ponts, voire comme alternative au développement des gratte-ciel. Le « grand rêve de Toyo Ito devient peu à peu réalité.

Cabanes et jardins

Sur une centaine de dossiers en compétition autour de la relation entre architecture et paysages urbains, Le Candide – l’immeuble de Bruno Rollet à Vitry-sur-Seine – vient de remporter le prix Philippe Rotthier pour l’habitat social. Dans la continuité d’une barre des années 1970, ce programme de 29 logements s’apparente aux premiers immeubles d’habitat social du début du XX° siècle, intégrant des services collectifs et bien sûr un toit-terrasse accessible. Il comprend ainsi un atelier de bricolage partagé, un jardin potager en toiture avec des serres en forme de cabanes pour cultiver des plantes et légumes, et une terrasse commune. Les balustrades des balcons réalisées en osier intègrent des lucioles photo-voltaÏques scintillant la nuit grâce à la lumière de la journée. Sans pour autant s’attaquer à la question de l’espace public, Le Candide vise un nouvel état d’esprit dans l’univers des banlieues construites pendant les Trente Glorieuses.

Paris Rive Gauche dans le 13ème arrondissement – y initie plusieurs programmes d’habitation avec de véritables toitures-jardins de plus de 500 m°, appropriables par les habitants. Face à la Bibliothèque nationale de France, les futurs bâtiments d’une dizaine d’étages offrent l’opportunité de mettre en œuvre une suite de jardins suspendus pour un « paysage en hauteur » à travers quatre opérations. Pour l’une d’elles, dont le chantier va démarrer mi-2015, l’architecte Fabrice Dusapin a imaginé des jardins individuels accessibles

directement depuis des logements situés à l’étage inférieur. Des « cabanes » en bois, référence explicite à l’histoire des jardins ouvriers, constituent une pièce supplémentaire sur le toit. Dans le cadre d’une opération de logement social, SOA Architectes ont quant à eux conçu une terrasse à l’usage collectif des habitants. Végétation et « constructions » légères émergent en toiture, sans compter un espace à ciel ouvert aménagé pour l’organisation d’événements collectifs.

A Boulogne-Billancourt, les architectes Chartier-Dalix viennent de livrer le Groupe scolaire des sciences et de la biodiversité, conçu comme une pièce paysagère habitée plus que comme un simple bâtiment, et comprenant 18 classes, un gymnase et un centre de loisirs. Sa toiture comme un jardin suspendu à 12 m de hauteur – au-dessus du gymnase- accueille une prairie, une lisière d’arbustes et un îlot forestier en pleine terre ( 1m d’épaisseur). Relevant le défi de créer un écosystème, ce lieu d’apprentissage devient un espace d’accueil pour les enfants du quartier, mais aussi de convivialité pour les habitants. Cet extrait de territoire extrudé, véritable morceau de paysage en hauteur, se définit pour les architectes comme une sorte de canopée urbaine dont le développement reste à suivre.

 

 

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