Article paru dans Archistorm n°90, mai-juin 2018, par Christine Desmoulins, projet Résidence du Lac et projet 135 logements, ZAC Pont Rouge à Bordeaux
Le logement, du site aux typologies
Bruno Rollet, du quartier bordelais des Aubiers à Cenon.
À l’horizon 2030, Bordeaux Métropole aura construit 50 000 logements le long des axes de transport. Fort d’une aptitude à expérimenter déjà démontrée avec l’immeuble Le Candide de Vitry-sur-Seine, Bruno Rollet a saisi cette opportunité dans deux opérations d’habitat intermédiaire. Elles s’inscrivent dans une démarche de recherche et développement menée avec les aménageurs, les maîtres d’ouvrage et les promoteurs pour construire « mieux et moins cher » et répondre ainsi à tous les besoins sans nier les freins financiers des plus fragiles. « Malgré les contraintes des PLU, les limites budgétaires et les équilibres à contenir pour densifier, nous tenions à mettre la barre un peu plus haut que d’ordinaire », précise l’architecte. À la jonction du tram et des Aubiers, grand ensemble de belle facture conçu dans les années 1970 par Xavier Arsène Henry, André Sabron, Pierre Dugravier, Bertrand Delorme et Pierre Layre Cassou, il a construit avec Eiffage Immobiler, Axanis et Domofrance la Résidence du Lac : 132 logements rassemblant accession libre et sociale, et locatif social. « Il était méritoire qu’en 2013 la métropole ait libéré si vite cette petite emprise foncière entre une école une piste cyclable pour la céder aux promoteurs et Eiffage a su monter un programme voué à vendre à bas prix des appartements sans dépasser un coût de construction de 1 300 euros du m 2 », poursuit Bruno Rollet. Il ajoute que « pour permettre à des propriétaires aux revenus modestes d’acheter un 3 pièces évolutif et modulable, la moitié des logements sont équipés d’une « pièce en plus » de 10 m 2 hors d’eau, hors d’air, non chauffée et surtout non normée que chacun peut investir plus ou moins rapide – ment pour disposer d’une autre chambre, un bureau ou un atelier. La simplicité des principes constructifs favorise aussi la réversion de découpage des logements. » Sur l’autre rive de la Garonne, une ZAC de 600 logements prend forme à Cenon sur d’anciens terrains inondables. Pour construire avec BDP Marignan 135 logements en accession libre sur l’une des parcelles, l’architecte puise aux sources de ces terres agricoles aujourd’hui réaffectées à l’habitat et à des parcs après un usage industriel. Rejeter les voitures au pourtour en intégrant quelques parkings au rez-de-chaussée, niveau non habitable car inondable, lui permet de retrouver en cœur d’îlot une prairie arborée que quatre ensembles de bâtiments viennent ceindre. Le hall bas est au contact de la rue et le hall supérieur débouche sur le jardin au niveau 1. Conduisant aux appartements par des coursives, le jardin fait le lien entre l’espace public et résidentiel et ce qui est inondable ou non. De la prairie aux coursives, des cheminements aimables sont offerts aux habitants vers leurs appartements, tous traversants et dotés de deux ou trois orientations. En toiture de l’un des immeubles une terrasse collective de 50 mètres carré est à partager ainsi qu’une serre de 17 m 2 , idée que le promoteur a héritée d’un concept élaboré par Bruno Rollet sur l’immeuble de Vitry.