paru dans Le Monde, janvier 2016, par Marie Pellefigue Le centre social Square Vitruve
Villes en mue. Pour tenter de réparer les erreurs du passé, depuis 2007, cette ZAC fait l’objet d’un renouveau urbain.
Dans le 20e arrondissement, à l’est de Paris, le quartier Saint-Blaise est sorti de terre au milieu des années 1970. Entre l’ancienne petite ceinture et les boulevards des maréchaux, cette enclave, qui compte 78 % de logements sociaux, est composée de hautes tours construites sur une dalle de béton surplombant trois niveaux de parkings souterrains.
Petit à petit, la paupérisation y a gagné du terrain. « Saint-Blaise est l’un des secteurs de logements les plus denses d’Europe. Il a été construit sur un fort dénivelé, la circulation entre la dalle et la rue a été mal conçue et le quartier a très mal vieilli », constate Frédérique Calandra, maire de l’arrondissement.
Depuis 2007, cette ZAC fait l’objet d’un renouveau urbain. Des bâtiments vétustes y ont été démolis, des rues percées et des locaux d’activité créés. L’arrivée du tramway sur les boulevards des maréchaux a participé au désenclavement. Pour poursuivre cette transformation et ainsi tenter de réparer les erreurs du passé, un ancien local commercial désaffecté vient d’être transformé en centre social au pied d’une tour de 85 mètres de haut, square Vitruve.
L’objectif de cette opération était d’importer sur cette dalle devenue sinistre, car située « hors sol », loin de toute activité, un lieu de vie agréable. Le projet a été confié à l’architecte Bruno Rollet, qui a conservé la structure en béton existante, en a remodelé et réhabilité l’intérieur et l’a surélevée.
Pour introduire un peu de nature dans cette jungle de béton, l’entrée du bâtiment est désormais protégée par une palissade ajourée en hautes tiges de châtaignier. La façade du nouvel étage a été recouverte de volets percés en aluminium brossé, et la toiture réalisée en inox.
Enfin, un nouveau toit terrasse a été créé à l’arrière du bâtiment pour améliorer la vue des habitants depuis les fenêtres qui le surplombent. A l’arrière du nouveau local, un patio a été creusé pour faire entrer la lumière au cœur du centre social. « Nous avons démoli une partie de l’ancienne structure et remplacé un bout de mur en béton par une paroi en verre dépoli afin de mettre visuellement en relation la dalle et le jardin privatif situé au pied des immeubles avoisinants », explique Bruno Rollet.
Cette nouvelle étape dans la transformation du quartier sera suivie d’autres. Le programme prévoit la construction d’une crèche, d’une halte-garderie et d’un jardin, la réhabilitation des immeubles de logements, la construction d’un centre d’animation… Le tout devant être terminé en 2020.